«GAYE, mon pauvre Gaye, quand j'y étais, des rochots (chemises) j'en avais… », dit le dicton. Et le patois on parlait, il y a une centaine d'années.
Nous allons essayer de ne pas trop nous enhoter (embourber) pour expliquer ce qu'est le patois de Gaye. Sans faire le bacailleux (celui qui parle pour ne rien dire).
Écrit en 1903
La petite commune voisine de Sézanne a possédé son propre patois. Mais à la fin du XIXe siècle, c'est finalement assez banal : chaque village avait son parlé, que quelques mots différenciaient du dialecte du village voisin.
« Mais la vraie chance de Gaye a été d'avoir un instituteur, Claude Heuillard, qui a fait une vraie recherche sur ce patois et a écrit un livre, une étude très précise, avec les conjugaisons, le lexique », indique Claudine Picard, présidente de l'association Mémoire de Gaye, qui vient de rééditer cet ouvrage paru pour la première et unique fois en 1903. Sans la passion de Mémoire de Gaye, ce livre aurait fini aux ostrilles (orties) ou bien au sinot (grenier).
L'association gayonne a souhaité faire reparaître ce livre, « avec une belle couverture, et un rajout sur le patois de Montmirail », précise Claudine Picard.
Aujourd'hui, il ne reste que deux exemplaires originaux connus et une reproduction.
Mais, quelques mots qu'anciens et moins anciens prononcent toujours.
Des mots restent
« Bien sûr, avec les années, le français a été adopté par tous, raconte Claudine Picard, mais certain mots sont restés et on peut les entendre encore aujourd'hui dans les rues de Gaye et dans tout le Sud-Ouest marnais. »
Les mêmes mots que prononçaient les Gayons de la fin du XIXe siècle, qui parlaient ce patois décrit par l'instituteur Heuillard.
« Ces mots, qui n'étaient pas écrits, sont souvent le fruit de la transcription du ressenti direct des gens », remarque Claudine Picard. Des mots un peu naïfs, mais dont personne ne trouve d'équivalent aujourd'hui.
Ils existaient au XIXe siècle et se promènent donc encore aujourd'hui, le brisaque (quelqu'un qui abîme tout), le geindeux (qui se plaint tout le temps) qui ouine (pleure), la guerlette (brebis) ou encore le bilot (l'oie).
Et pour en savoir davantage, pas besoin de se dégrimmonner de pleurer (se tuer à force de pleurer) : une souscription est ouverte jusqu'au 31 décembre au prix de 15€ (au lieu de 17€).
Guillaume Tallon
« Le patois de Gaye », 176 pages, est édité aux éditions Guéniot. Rens. 03.26.80.92.75.
Claudine Picard : « Ces mots sont souvent le fruit de la transcription du ressenti direct des gens ».