Conférence : Qui est Pierre-Armand du Cambout de Coislin, prieur de Gaye ?

Résumé.

La famille du Cambout est mentionnée dans un livre sur la Bretagne par l’historien Kerviller qui décrit les restes d’un vieux manoir, ancien château fort, où vivait le sire Alain du Cambout, chevalier preux de vieille race et serviteur des ducs de Bretagne. Ses descendants servent sous les ordres de Du Glesclin en 1371, ou sont écuyer de la duchesse de Bretagne, capitaines, gouverneurs, conseillers, page du Roi de France, …

Etienne du Cambout est écuyer et échanson du roi de France Charles VI en 1406. Son descendant René du Cambout se marie avec Françoise de Baye, Dame de Coislin qui apporte la seigneurie de Coislin dans la corbeille de mariage. Il est nommé Grand Veneur de Bretagne, Grand Maitre aux eaux et forêts de Bretagne, Commissaire de guerres, … Il sera fait Chevalier de l’Ordre du Roi et capitainede 50 hommes d’armes de ses ordonnances.

Ses 3 fils se partagent les charges. L’ainé, François né en 1542 devient Seigneur du Cambout et seigneur de Coislin, puis est nommé Conseiller du Roi. Il épouse Louise du Plessis-Richelieu, tante d’Armand du Plessis-Richelieu, futur éminent Cardinal. Leur fils ainé Charles, né en 1577 deviendra le 1er Marquis de Coislin à partir de 1634. Son fils Pierre-César qui nait en 1613, se signale au cours de plusieurs batailles (le passage du Rhin à Mayence, la prise de Hesdin et d’Arras. Il meurt en 1641 à 28 ans pendant la guerre de 30 ans contre l’Espagne. De son mariage avec Marie Madeleine Séguier, fille de Pierre Séguier qui est nommé Garde des Sceaux en 1633, puis Chancelier de France en 1635 et durant presque 40 ans (dans l’ombre de Richelieu puis de Mazarin). Il est celui qui instruira le procès de Nicolas Fouquet en 1661, celui qui scelle les lettres de patentes de l’Académie française. Sous Mazarin, Pierre Séguier devient ministre d’Etat.

Pierre-César et Marie Madeleine Séguier ont 3 fils. Le 1er, Armand, hérite des titres et des terres et devient le 3ème Marquis de Coislin. Le cadet Pierre-Armand entre dans les Ordres, c’est notre prieur de Gaye. Le benjamin Charles-César devient Chevalier de l’Ordre de Malte.

Pierre-Armand du Cambout de Coislin est né le 14 novembre 1636 ou 1637 à Paris. Ayant 4 ans au décès prématuré de son père, il est élevé par son grand-père maternel Pierre Séguier. Il reçoit une éducation solide à la Sorbonne et devient Docteur en théologie de l’université de Paris. A 23 ans, il est 1er aumônier du roi, à 28 ans il est ordonné prêtre par Hardouin de Péréfixe de Beaumont, archevêque de Paris et précepteur de Louis XIV, à 29 ans il est nommé évêque d’Orléans. Il cumule les titres de prieur commendataire de Longpont (Aisne) de l’abbaye Saint-Gildas-des-Bois (Loire atlantique), prieur du puissant monastère clunisien Notre-Dame-de-Gaye (Marne) aujourd’hui disparu.

Pierre-Armand est convoqué au consistoire de juillet 1697 par Innocent XII et la cérémonie d’élévation à la pourpre cardinalice a lieu le 30 mars 1700.

A la fin de sa vie, il est nommé Grand aumônier de France de 1700 à 1706, ce qui lui vaut le rang de Duc à la Cour et lui donne le privilège de faire communier le roi, de célébrer les baptêmes et les mariages des princes.

Saint-Simon le décrit comme un saint homme, « ressemblant assez à un curé de village même après qu’il fut cardinal, pureté de mœurs et de vertu, continuelle sollicitude pastorale, grandes aumônes, le revenu de son évêché allant entièrement en bonnes œuvres ». Il a protégé les protestants, les jansénistes, s’est opposé aux dragonnades dans son diocèse.

Louis XIV louait sa simplicité et sa conduite et fit son éloge lors de ses obsèques.

Il fut membre de l’Académie française de 1702 à 1710.