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Les pierres étaient cachées dans le fond d'un jardin et dans la rivière.

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Samedi, de nombreux Gayons ont participé à l'installation des pierres dans l'église,
dont Jean-François Varlet (au centre), le découvreur du trésor.

C'est un sacré boulot que vient d'accomplir Mémoires de Gaye. Grâce à la ténacité et la passion de sa quarantaine de membres, l'association a mis au jour, en novembre dernier, quatre gros blocs de pierre sculptés appartenant au Prieuré Notre-Dame de Gaye, « l'ancêtre » de l'église Saint-Denis. Samedi, les vestiges ont retrouvé une place au cœur de l'édifice. Un après-midi « jubilatoire », un jour de fête, qu'ont partagé les membres de l'association, les conseillers municipaux et les Gayons. Mais pour en arriver là, les membres se sont livrés à un grand jeu de piste…

L'histoire débute l'an dernier. L'association, tout juste créée pour comprendre, retracer et transmettre l'histoire du patrimoine matériel, immatériel et naturel de la commune, se focalise sur l'église de Gaye. Certains membres multiplient les déplacements à Cluny, Mâcon, Châlons-en-Champagne, Troyes et Dijon où sont gardées de précieuses archives.

« On a découvert que depuis le XIIe siècle, les prieurs de Gaye, puissants seigneurs ecclésiastiques, avaient fait relever les ruines du Prieuré au gré des destructions liées à l'histoire de la Champagne : ligues féodales, Guerre de Cent ans, guerres de religions… », raconte Mireille Gravé-Domenichini, membre de l'association. « L'église actuelle n'est finalement qu'une partie de la grande église clunisienne dont il ne reste que quatre travées de la nef. On a retrouvé aux archives nationales un plan de Gaye où on voit nettement l'emplacement de l'édifice. À partir de ce plan, on a fait des relevés. L'église actuelle est faite de bric et de broc. C'est sûr, il devait y avoir une histoire étonnante derrière tout ça. »

Un passé reconstitué comme un puzzle

Les membres ont eu du flair… Un jour, par hasard, Jean-François Varlet, adhérent lui aussi de Mémoires de Gaye, confie qu'il a, dans le fond de son jardin, deux grosses pierres. Il était loin d'imaginer ce qu'elles représentaient…

Ni une, ni deux, les passionnés se rendent sur place. « On est allé grattouiller les blocs, se souvient Claudine Picard, présidente de l'association. Il y avait des sculptures sur l'un d'entre eux. » Christophe Bidault, engagé lui aussi dans l'aventure, n'hésite pas à prêter son tractopelle pour déplacer le trésor. Dans la foulée, la petite équipe tombe sur deux autres pierres, noyées depuis des centaines d'années dans la rivière. Un haut de chapiteau, un montant de porte… les hypothèses vont bon train pour tenter de redonner aux pierres leur sens.

« Il s'est avéré que cette église de Gaye, pas très belle au premier coup d'œil, recelait en fait une richesse patrimoniale incroyable », se réjouit Mme Picard. « C'est un immense plaisir de découvrir tout ce passé, reconstitué comme un puzzle. » Et Mme Gravé-Domenichini d'ajouter : « Notre travail de recherches a porté ses fruits et a trouvé un écho concret. C'est merveilleux. »

Adhérente depuis l'an dernier des « Eglises accueillantes de la Marne », groupement chapeauté par l'Evêché et le conseil général, Mémoires de Gaye compte bien faire cette trouvaille un nouvel atout. « Nous avons quatre pièces supplémentaires pour compléter nos visites guidées », note la présidente. « On commence à faire le lien entre plusieurs éléments, ce qui va enrichir notre récit. » Mémoires de Gaye sera aussi au rendez-vous des Journées du Patrimoine pour faire découvrir à tous les passionnés d'Histoire les richesses de Gaye.

Marion Dardard