Face aux habitants de la commune et aux élus,
Michel Gaudard a inauguré la plaque ( en médaillon)
qui symbolise le retour de l'église de Gaye dans l'ordre clunisien.
Ne pas oublier. C'est le leitmotiv de l'association Mémoires de Gaye, à l'origine d'une formidable découverte : la petite église du village fut, il y a quelques siècles un édifice gigantesque et magnificent, étendant son influence sur tout le Sud-Ouest marnais.
Difficile à croire ? « C'est vrai que lorsqu'on la regarde aujourd'hui, elle a l'air complètement insignifiante, sourit Claudine Picard, présidente de l'association. Pourtant, à la fin du Moyen-Âge, vers le XIVe siècle, elle était toute puissante. »
Pour comprendre, il faut remonter le temps de quelques siècles. Nous sommes aux environs de l'an 1000. Les moines bénédictins de l'Abbaye de Cluny sont riches et puissants. Des nobles de toute la France dépensent des fortunes pour le salut de leur âme, en demandant aux moines de prier pour eux. L'aura de Cluny s'étend même au-delà des frontières, à travers toute l'Europe. C'est vers 1313, qu'ils entreprennent d'ériger un splendide prieuré, dans la commune de Gaye. « Un peu avant la Révolution, le bâtiment sera démoli, au fur et à mesure. Aujourd'hui, il n'en reste que la nef. »
Symboles mystérieux
La splendeur passée du prieuré de Gaye tombe ainsi dans l'oubli, pendant plus de deux cents ans…. jusqu'en 2008 : « C'est l'année de la création de notre association. Nous faisions quelques conférences et expositions sur le village. Quand un jour, nous nous sommes rendu compte que l'église arborait, sur ses voûtes, d'étranges symboles… Il s'agissait en fait de rosaces, marquant l'appartenance à l'ordre de Cluny. » Claude et Michelle Domenichini, secrétaires de l'association, se lancent alors dans des recherches plus poussées. Quelle ne fut pas leur surprise de découvrir, parmi les archives des Chapitres généraux de la Bourgogne, un plan d'époque et un document confirmant que les moines de Gaye reversaient une taxe à l'abbaye de Cluny.
« On est tombé des nues, se souvient la présidente. Après seulement un an d'existence, notre association ne pouvait pas espérer mieux. »
Atout touristique
Rapidement, la commune prend contact avec la Fédération européenne des sites clunisiens. Et hier, devant toute la commune et de nombreux élus, elle a officiellement réintégré l'ordre clunisien.
Une aubaine pour Rémi Picard, maire de Gaye : « Ça va aider à placer notre village sur la carte. D'un point de vue touristique, c'est forcément un atout pour faire venir des gens dans la région. »
Mais pour les habitants de la commune, c'est avant tout l'occasion de faire revivre l'histoire. Le temps d'une journée, Gaye a retrouvé sa gloire passée.
Charles MARTIN